Le bourdon se donne des ailes

Les faits & le projet
On oppose souvent la grâce de l’abeille à la lourdeur du bourdon. Pourtant, après les musiciens, les physiciens s’intéressent aujourd’hui à ce petit insecte mal aimé. Car le vol du bourdon se révèle une précieuse mine d’informations pour concevoir de nouvelles générations de micro-drones.
Pour voler, le bourdon bat des ailes une centaine de fois par seconde, ce qui agite l’air autour de lui et crée des tourbillons. Loin de le gêner, ces turbulences le « portent » et il ne dépense pas plus d’énergie que s’il traversait une zone plus calme.
Les résultats
C’est le résultat obtenu par Kai Schneider, chercheur au Laboratoire de mécanique, modélisation et procédés propres (Université d’Aix Marseille/CNRS), et son équipe. Pour y parvenir, ces spécialistes des interactions fluide/structure ont mis au point une « soufflerie numérique » dans laquelle ils font voler un modèle de bourdon à une vitesse de 2,5 mètres par seconde (9 km/h). « En utilisant jusqu’à 16 000 coeurs de calcul, nous avons montré que le bourdon était capable de contrôler son vol et de s’adapter en quelques microsecondes aux conditions turbulentes jusqu’à ce que l’intensité des tourbillons devienne trop forte », explique Kai Schneider.
Ces travaux sont menés dans le cadre d’un projet international associant des chercheurs allemands (Université technique de Berlin et Université de Rostock) et japonais (Université de Chiba). Ils ont fait l’objet d’un article dans Physical Review Letters, la référence du domaine, et dans Physics, la publication électronique grand public de l’American Physical Society (APS).
Cette année, l’équipe relève de nouveaux défis : après le bourdon, élucider les mystères du vol du papillon de nuit puis de la nage du poisson. La locomotion animale est une source sans fin d’exemples pour développer des technologies inspirées du vivant.